L’urbanisation des Trente Glorieuses occulte souvent, dans nos imaginaires, la dynamique d’urbanisation des agglomérations françaises sur la longue durée de la période contemporaine.
Puisque la croissance urbaine est un des enjeux qui nous intéressent, nous avons choisi de nous pencher sur dynamiques des densités des populations des communes françaises sur le temps long. S’il n’y a pas de relation de cause à effet directe entre ces augmentations de densités et les tissus urbains qui se constituent au fil du temps, la comparaison des évolutions de densités de populations communales, permet, a minima, de comparer des territoires qui ont eu à faire face à des problématiques démographiques comparables.
Ce type d’approche permet d’éviter les biais d’une comparaison des tissus urbains qui ne tiendrait pas compte des conditions dans lesquelles ils se sont constitués. Il s’agit ainsi de prendre en compte les dynamiques démographiques historiques pour situer le cas villeurbannais dans des ensembles plus larges. Cette perspective permet aussi de ne pas se cantonner au vocable « banlieue » ou « commune périphérique » pour caractériser des territoires aux dynamiques de peuplement assez diversifiées selon les périodes. Cette remarque est d’autant plus vraie pour des territoires périphériques dont les caractéristiques varient fortement au cours de la période contemporaine. Il n’existe, à notre connaissance, pas d’étude longitudinale de ce type dans la littérature existante.
Pourtant nous voyons mal comment nous pourrions utiliser les travaux universitaires existants sur différentes communes suburbaines, sans points de repère permettant de situer leur plus ou moins grande proximité avec le cas villeurbannais.
Sources de données
Deux sources statistiques fiables permettent cependant d’appréhender l’évolution des densité de populations urbaines françaises depuis 1876. Toutes deux ont en commun de fournir des chiffres redressés au sein de contours géographiques stables. En effet, les contours communaux ou urbains ont évolué sur la période contemporaine et la comparaison sur le temps long n’est possible que si les recensements historiques ont été traités a posteriori sur des critères géographiques.
Tout d’abord, l’historique des populations communales de 1876 à 2016 de l’Insee, permet d’appréhender à la fois les augmentations des populations et des densités de populations communales sur la longue durée en France. Il s’agit d’une série discontinue puisqu’elle est issue de recensements qui ont été réalisés différemment de 1876 à 1954 d’une part, et de 1962 à 2016 d’autre part. Plus précisément, la deuxième série n’est pas rigoureusement continue puisque des modifications marginales ont été introduites en 2006. L’Insee indique par ailleurs que « Les statistiques sont proposées dans la géographie communale en vigueur au 01/01/2020 pour la France hors Mayotte, afin que leurs comparaisons dans le temps se fassent sur un champ géographique stable. »
Si une seule série continue de 1876 à 2011 aurait été plus commode, cette scission en deux périodes ne pose pas nécessairement de gros problèmes d’interprétation, puisqu’on peut grossièrement les rattacher à des périodisation déjà effectuées dans la bibliographie : celle de la ville industrielle et de la ville post-industrielle [Histoire de la France urbaine et Levy, Formes urbaines et significations : revisiter la morphologie urbaine].
D’autre part, pour saisir les spécificités des grandes métropoles européennes, la série Tradeve a été élaborée par des chercheurs de l’UMR 8504 Géographie-cités. Cette base de données longitudinale repose sur une nouvelle définition des agglomérations urbaines, à partir des données fournies par des agences européennes. Le principal travail de ce projet ANR a consisté à mettre au point et appliquer une protocole rigoureux permettant de déduire des statistiques d’Eurostat des contours géographiques d’agglomérations avec leurs populations associées au fil du temps, entre 1961 et 2011.
Les unités urbaines morphologiques (UMZ),définies par l’Agence européenne de l’environnement (EEA) à partir des observations satellites des occupations du sol en Europe en 2000 (UMZ2000), ont été prises comme contour de référence.
Cette définition morphologique a ensuite été complétée par les données de populations de Unités administratives locales (LAU) les plus petites prises en compte par Eurostat, des communes dans la majorité des pays. L’institut de statistique européen fournit en effet une série de données démographiques des LAU calculées de manières homogènes tous les dix ans, entre 1961 et 2011.
Pour mettre en œuvre la base de données Tradève, l’équipe de recherche a élargit les contours des unités urbaines morphologiques (UMZ) à l’ensemble des communes de plus de 2000 habitants concernées par celles-ci (critère de contiguïté) et à retenu celles de plus de 10 000 habitants.



De ce point de vue, les unités urbaines européennes Tradève utilisent des critères proches de ceux de l’Insee pour les unités urbaines françaises (Insee 1999) : elles combinent des critères de densité morphologique et de démographie communale, avec un seuil de 2000 habitants.
Pour autant, les critères de Tradève sont plus restrictifs puisqu’ils ne retiennent que les unités urbaines de plus de 10 000 habitants, alors que l’Insee a définit différents seuils de populations pour créer des tranches d’unités urbaines couvrant tout le territoire français. Le seuil de 10 000 habitants correspond aux unités urbaines des tranches 3 à 8 définies par l’Insee. Par ailleurs, les critères morphologiques utilisés par l’EEA comme base des UMZ sont aussi plus restrictifs que ceux de l’Insee pour les unités urbaines françaises. Alors que l’institut de statistique français utilise les données relatives aux bâtiments fournis par l’IGN pour recenser les zones pour lesquelles l’espace entre les bâtiments est supérieur à 200m, le calcul des UMZ est fondé sur une distance maximale de 200 mètres entre certains modes d’occupation du sol définis dans la base de données géographique Corine Land Cover à une échelle plus large. Par conséquent, les contours des unités urbaines de Tradève sont donc plus petits que ceux des unités urbaines de l’Insee. Mais dans les deux méthodes, les communes entières sont intégrées aux contours des unités urbaines de référence.
Pour constituer la base de données Tradève, les unités urbaines définies en 2001 ont permis de calculer par rétropolation celles de 1961, 1971, 1981 et 1991 en appliquant les critères démographiques retenus (au moins 2000 habitants par commune, et 10 000 habitant par unité urbaine). La série a ensuite été mise à jour pour le millésime 2011.
Cette série permet donc de situer l’évolution observée dans la deuxième série française de l’Insee au sein de processus européens plus globaux, mais aussi de nous doter de quelques contours de référence pour dissocier l’analyse de communes urbaines ou rurales françaises. En effet, dans son historique des populations communales, l’Insee ne fournit pas de données relatives à des contours urbains évoluant dans le temps.
Cette approche introductive, permet aussi de mieux appréhender sur la longue durée, les dynamiques de densification des populations urbaines des quatre métropoles françaises aujourd’hui les plus densément peuplées : celles de Paris, Lyon, Marseille et Lille.
En examinant plus en détail certaines communes françaises, nous verrons à quelles conditions il est possible de comparer le cas villeurbannais à d’autre territoires suburbains, français ou européens.
Dynamiques générales entre 1876 et 2016 en France
Les statistiques de base de la série de l’Insee permet d’appréhender grossièrement les dynamiques démographiques communales sur la longue durée.

Source : Historique des populations communales, Insee. Calculs : NLG.
Pour l’étude de la série 1876-1954, il faut garder à l’esprit que le recensement des populations à cette période comprend la population municipale et la population « flottante », donc certains habitants non sédentaires des communes (militaires, détenus, et personnes hébergées par des institutions sociales, scolaires ou religieuses).
Le changement de mode de recensement entre la première et la deuxième série semble avoir essentiellement des effets sur la valeur maximales des deux séries, soit le cas de Paris. Ceci est cohérent avec le fait que les « populations flottantes » sont probablement concentrées dans les communes les plus peuplées. Ces populations ont, en effet, comme caractéristique d’avoir potentiellement deux adresses : l’une dans leur commune d’origine et l’autre dans les communes qu’elles habitent temporairement du fait de leur statut particulier. Au vu de la concentration d’institutions diverses à Paris, il n’est pas étonnant que les populations flottantes y soient fortement représentées.
Entre 1876 et 1954, un petit nombre de communes se peuplent rapidement au détriment d’un grand nombre d’autres, au moins les trois-quart d’entre elles, qui voient leur population baisser. Le phénomène est particulièrement important entre 1876 et 1920, soit à la fin de la Première Guerre mondiale, dont l’impact démographique est aussi perceptible. Les effets de la Seconde Guerre mondiale sont difficilement observables et l’on ne dispose d’aucun recensement qui pourraient nous renseigner sur les dynamiques démographiques propres à cette période particulière.
La série 1962-2016 permet de mettre en évidence deux phénomènes : d’une part une tendance à l’augmentation de la population de Paris jusqu’en 1975, avant qu’elle ne reflue puis ne se stabilise; d’autre part une augmentation de la moyenne des populations communales françaises, qui semble tirée par des communes les plus peuplées en dehors de Paris. La population des communes du troisième quartile augmente fortement et dans le même temps, celles du premier quartile ont une démographie stagnante, tandis que la population des communes du deuxième quartile n’augmente que légèrement.
Ainsi, entre 1962 et 2016, la densité de population est en forte augmentation pour au moins un quart des communes, dont la population en 1962 est comprise entre 360 et 770 habitants en début de période, pour finir entre 450 et 1420 habitants en fin de période. Il faudrait analyser s’il y a là une indication d’un nouveau mode d’urbanisation.
[Référence complément étude de l’Insee sur la période]
Globalement, l’évolution démographique sur la période 1876-2016 est défavorable aux communes les moins peuplées et favorable aux communes les plus peuplées.
Mais c’est le calcul de la densité de population communale qui nous intéresse principalement, afin de saisir les pressions démographiques différentiées selon les territoires. Cette densité est calculée en affectant les surfaces communales de références aux communes de la série historique de l’Insee.

Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG.
A part pour la valeur maximale, les dynamiques relatives à la densité de population sont cohérentes avec celles observées sur la population. La particularité de la valeur maximale s’explique par le fait que certaines communes de la proche périphérie parisienne (en particulier Vincennes et Levallois-Perret) sont, à certaines dates, plus denses que Paris.
Mais en matière d’urbanisation, ce sont en fait les périmètres urbains qui nous intéressent. Il n’existe pas de calcul français de ceux-ci pour l’année 1954, en fin de période. Par contre, on l’a vu, la base de données Tradève propose un calcul des contours urbains pour les années tous les dix ans entre 1961 et 2011.

Si l’on prend pour référence les quatre modèles conceptuels, décrits par les chercheurs ayant contribué à la base Tradève, pour décrire les changements urbains au fil du temps, il est donc possible d’analyser les densités de population communales, selon qu’elles sont situées à l’intérieur ou à l’extérieur d’un contour d’unité urbaine en suivant le modèle conceptuel B : un même contour urbain avec des densités de population évoluant au fil du temps.
Cette méthode permet d’appréhender l’évolution comparée des densités de populations des communes selon qu’elles sont situées ou non dans des unités urbaines de référence à une date donnée. Dit autrement, nous avons un contour urbain théorique nous permettant de former deux groupes de communes : rurales et en voie d’urbanisation.
Nous avons choisi, pour chaque série, de prendre comme date de référence le contour connu le plus proche de la fin de période. Ceci permet d’intégrer dans l’analyse des communes rurales qui, en fin de période, intégreront une unité urbaine. Ce qui nous intéresse est, en effet, de décrire le processus d’urbanisation sur chaque période, afin de situer notre cas au sein de dynamiques de densification urbaine plus générales. En d’autres termes, l’analyse est basée sur le moment de la série où la zone présente la population la plus dense.
En croisant les contours des unités urbaines de cette base de données, avec la série française de l’Insee, nous avons donc calculé l’évolution de la population entre 1876 et 1954 des seules communes situées à l’intérieur ou à l’extérieur des contours de 1961 fournis par la base de données Tradève. Et pour la période 1962-2016, nous avons eu la même approche, en prenant pour référence les contours Tradève de 2011 (date la plus proche de la fin de période de l’Insee, soit 2016).
Nous avons donc constitué deux groupes de communes pour chaque série de l’Insee analysée selon qu’elles sont situées à l’intérieur ou à l’extérieur du contour des aires urbaines Tradève de 1961 et de 2011.

Contour de référence : aire urbaine Tradève de 1961.
Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG

Contour de référence : aire urbaine Tradève de 1961.
Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG.
La tendance générale sur la série 1876-1954 est celle d’une baisse générale de la densité de population des communes rurales et d’une hausse de celle des communes situées dans le contours des agglomérations en cours d’urbanisation. Ce n’est évidemment guère surprenant, au regard de ce que l’on sait déjà de l’urbanisation contemporaine.
Ces courbes fournissent cependant des points de repères pour imaginer les proportions de communes concernées et leurs densités de population respectives. Ces chiffres nous fournissent donc des points de repères sur d’éventuels seuils pour différentier les communes et analyser les densité de populations au fil du temps.
Ainsi, en 1876, les trois-quart des communes françaises, ont une densité de population de moins de 76 habitants par km2, et la même proportion des communes rurales ont une densité assez proche (moins de 73 par km2). Dans ces deux cas, les densités de populations sont en fin de période, en 1954, respectivement de 57 et 53 habitants au km2. Grossièrement, en 80 ans, les trois quart des communes rurales françaises ont donc vu leur densité de population baisser d’un tiers.
Par contre, les trois-quart des communes françaises qui appartiendront à une aire urbaine en 1954, présentent dès 1876 une densité de population plus importante (462 habitants par km2). Ce même groupe atteindra une densité de population de 1416 habitants au km2 en 1954.
Pour le premier groupe de communes, uniquement rurales, la tendance est très nettement à la baisse et ce d’autant plus que la densité initiale de population est importante ; pour le second groupe, c’est l’inverse : plus la commune est déjà densément peuplée, plus sa population tend à s’accroître. On le voit, les communes rurales pèsent fortement dans la tendance nationale, et on a donc intérêt à étudier spécifiquement les phénomènes observés sur les aires en cours d’urbanisation sur la période.
Densités de populations communales françaises de 1876 à 1954
Évolution générale de 1876 à 1954
Sur la période de référence (1876-1954), l’évolution de la population communale recensée et de sa densité sont bien sûr variables selon les territoires.
La distribution du nombre de communes en fonction de leur population suit globalement une courbe exponentielle décroissante. L’histogramme comparé de celle-ci entre 1876 et 1954 montre que le nombre de communes très peu peuplées, tout comme les communes moyennement peuplées, a augmenté durant la période.
Ce sont en réalité les communes dont la population était située, en 1876, entre 400 et 4 000 habitants dont le nombre a fortement diminué sur la période considérée. Le nombre de communes à la population, soit inférieure à 400 habitants, soit supérieure à 4 000 habitants, a, par contre, augmenté entre 1876 et 1954. Et alors que les communes de plus de 60 000 habitants étaient peu nombreuses en 1876, leur nombre augmente globalement sur la période, même s’il reste limité. On observe ici les effets démographiques de l’exode rural : les communes dont la population était située entre 400 et 4 000 habitants en 1876 voient leurs populations diminuer au profit de villes de différentes tailles. Ceci entraîne une baisse de leur population : le nombre de communes peu peuplées augmente donc en conséquence.
Cette évolution a bien entendu des effets sur la population urbaine. Mais celle-ci est assez différentiées selon les communes.

Contour de référence : aire urbaine Tradève de 1961.
Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG.
Même à l’intérieur des contours urbains de 1961, le nombre de communes les moins peuplées (moins de 2000 habitants en 1876) diminue jusqu’en 1954 au profit des communes les plus peuplées. On assiste donc à une concentration des populations dans les communes les plus peuplées des futures agglomérations, au détriment, non seulement des communes rurales, mais aussi de certaines communes suburbaines.
Logiquement, la densité de population suit des tendances similaires.
Globalement, en France, le nombre de communes dont la densité de population est située entre 50 et 200 habitants au km2 en 1876 diminue alors que le nombre de communes moins denses et plus denses augmente.
A l’intérieur des contours des unités urbaines de 1961, le nombre de communes dont la densité de population est inférieure à 300 habitants au km2 en 1876 diminue sur la période considérée alors que celui des communes de densité supérieure augmente.
Le nombre de communes rurales dont la densité est située entre 40 et 200 habitants au km2 en 1876 diminue jusqu’en 1954, au profit des communes plus ou moins denses.
On voit donc que, comme pour les populations, l’évolution de la densité de population des communes rurales pèse fortement dans la dynamique d’ensemble, au regard de leur nombre important. L’étude des communes qui deviendront urbaines en 1961 doit donc être systématiquement analysée spécifiquement pour éviter les contresens.
En complément, les graphiques suivants permettent d’appréhender plus précisément la distribution de l’évolution des densités de populations entre 1876 et 1954. Afin de pouvoir comparer ultérieurement différentes périodes, nous avons calculé la variation annuelle de densité de population de l’ensemble des communes sur la période étudiée.
L’ensemble des communes situées sous la diagonale de ce graphique voient leur densité de population baisser, alors celles situées au dessus voient au contraire celle-ci progresser. La couleur permet d’appréhender visuellement la variation annuelle de densité entre 1876 et 1954.
Il est alors intéressant de comparer la distribution des communes situées en fin de période à l’intérieur ou à l’extérieur de contours urbains.
On l’a vu, les communes rurales en 1961, ont, pour les trois-quart d’entre-elles, une densité de population inférieure à 50 habitants au km2 en 1954. Mais, on le voit ici, le dernier quart restant se répartit principalement sous le seuil des 2000 habitants au km2. Les quelques communes rurales dont la densité est supérieure ont des surfaces très petites, qui expliquent ce caractère exceptionnel. Elles connaissent par ailleurs toute une baisse de leur densité de population.
Par ailleurs, nous avons observé que les trois-quart des communes urbaines en 1961, ont une densité de population inférieure à 1450 habitant au km2 en 1954. Mais on voit ici que le quart supérieur restant a des évolutions très différentiées selon les cas. C’est dans cette tranche que l’on peut observer les dynamiques urbaines les plus fortes pour cette période : nous serons amenés à comparer leurs évolutions.
Pour résumer, cette approche permet non seulement de confirmer l’importance de l’exode rural pour alimenter les villes souvent décrit dans la littérature historique existante pendant la « période industrielle », mais elle permet de les affiner, puisqu’avec des méthodes numériques, il est possible d’effectuer des calculs plus nombreux, à l’échelle communale plutôt que départementale. Elle rend aussi compte des évolutions différentielles globales des communes françaises selon un critère de densité.
Les communes dont la population était située en 1876 entre 400 et 4 000 habitants en 1876 ont tendance à voir leurs populations en 1954 diminuer au profit des autres. Les bourgs se dépeuplent. Mais les dynamiques d’urbanisation à l’intérieur des contours des futures agglomérations de 1961 sont un peu différentes : les communes de moins de 2000 habitants en 1876 voient leur nombre diminuer sur la période au profit des autres territoires suburbains. La proximité d’une ville diminue le seuil à partir duquel les communes tendent à gagner des habitants entre 1876 et 1954. Ces territoires à l’activité plus dynamique et probablement plus diversifiée incitent moins à l’exode rural, et peuvent même se développer au fil de l’urbanisation de l’aire urbaine.
Les densités de population suivent un schéma presque similaire. Le nombre de communes françaises dont la densité de population est située entre 50 et 200 habitants au km2 en 1876 diminue alors que le nombre de communes moins denses et plus denses augmente. Loin des villes, ce sont principalement les villes dont la densité est située entre 40 et 200 habitants au km2 en 1876 qui voient partir leurs habitants. Et à proximité des villes, l’exode rural est plus fréquent pour les communes en deça de 300 habitants au km2 en 1876 alors que les populations ont tendance à arriver au delà de ce seuil. Autrement dit, l’absence d’une ville à proximité tend à faire baisser le seuil à partir duquel la commune devient moins densément peuplée, alors que la proximité d’une ville tend au contraire à l’augmenter.
Et c’est ici que l’on voit la différence entre population en nombre absolu et densités. Les deux facteurs semblent donc jouer pour favoriser ou décourager la migration vers les villes depuis les communes avoisinantes entre 1876 et 1954. Les communes qui ont à la fois moins une population supérieure à 2000 habitants et une densité supérieure à 300 habitants au km2 ont tendance à voir ces deux facteurs augmenter sur la période, témoignant ainsi d’une dynamique d’urbanisation. L’examen de la liste de leurs noms, la carte de leur répartition sur le territoire et une certaine familiarité avec la géographie française montre qu’en réalité la très grande majorité d’entre-elles constituent déjà de petits foyers urbains en 1876. On a donc des critères explicables pour les repérer. Pour les communes dont la population est inférieure à 2000 habitants mais la densité de population supérieure à 200 habitants au km2, ce sont des foyers urbains qui ne se densifieront que s’ils sont à proximité de zones urbanisées et plus tardivement que les précédentes.
Comparaison des unités urbaines
Mais il est également nécessaire de distinguer des dynamiques spécifiques des différentes unités urbaines entre elles.

Contour de référence : aire urbaine Tradève de 1961.
Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG.

Contour de référence : aire urbaine Tradève de 1961.
Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG.

Contour de référence : aire urbaine Tradève de 1961.
Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG.
La visualisation des noms des communes dans la distribution des évolutions de densité de populations communales dans les unités urbaines met en évidence des phénomènes intéressants : la dynamique de grandes communes françaises est comparable à celle de certaines communes de la périphérie parisienne. Celles-ci sont d’ailleurs très majoritaires dans le haut de la distribution des densités en 1954. Certaines d’entre-elles connaissent aussi les plus haute augmentation de densité de population sur la période concernée. Il convient donc de distinguer les communes de l’aire urbaine parisienne des autres, afin de rendre les dynamiques plus lisibles.

Contour de référence : aire urbaine Tradève de 1961.
Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG.

Contour de référence : aire urbaine Tradève de 1961.
Sources : Historique des populations communales, Insee ; Tradève Database. Calculs : NLG.
Retrancher les communes d’Île-de-France permet de faire apparaître les communes les plus dynamiques entre 1876 et 1954 dans le reste de la France.
Lyon, qui était deuxième en 1876, arrive en première position en 1954 dans ce groupe. On compte aussi Nancy, Lille, Roubaix et Tourcoing, Bordeaux, Grenoble, Vichy ou Boulogne-sur-Mer parmi les communes les plus denses, suivies par Troyes, Mulhouse, Périgueux puis Lens. Mais l’augmentation de leur densité varie selon leur situation initiale.
La Madeleine ou Croix, dans la métropole du Nord, Villeurbanne et Oullins, voisines de Lyon, ou Le Petit-Quevilly, près de Rouen, Anzin, qui jouxte Valenciennes, Stiring-Wendel entre Forbach et Sarrebruck en Allemagne, Le Bouscat, en périphérie de Bordeaux, Billy-Montigny et Sallaumines près de Lens, Saint-Max à côté de Nancy, Beausoleil à côté de Monaco, bénéficient du dynamisme des grandes villes voisines et du développement industriel de zones spécifiques. Mais la toute petite commune de Lannoy, pourtant située près de Roubaix, connaît dans le même temps une relative baisse de densité, probablement au profit de communes voisines.
C’est en réalité une géographie des banlieues au fort développement économique durant cette période qui se dessine parmi les communes dont l’augmentation de la densité est la plus forte entre 1876 et 1954 pour dépasser les 4000 habitants au km2 en fin de période. Mais ce raisonnement peut être poursuivi, dans une moindre mesure si l’on descend dans la distribution des densités de population en 1954.
La comparaison de la distribution des communes dans les quatre plus grandes métropoles françaises permet aussi de comparer leurs dynamiques respectives.

La très forte dynamique de la région parisienne est assez peu comparable avec ce qui se passe ailleurs, y compris avec celle des territoires qui deviendront les actuelles plus grandes agglomérations françaises. Le cas parisien relève donc de l’exception, plus que de la règle, si règle il y a.
La distribution est relativement continue entre Paris, très densément peuplée et des communes beaucoup moins denses . Et le gradient de leur variation de densité annuelle de population montre que se produit sur entre 1876 et 1954 une différentiation très forte des densités communales au sein de cette aire urbaine.

Le cas lyonnais est un peu différent puisque l’on note une forte hiérarchisation des densités entre Lyon, en tête, Villeurbanne et Oullins à une deuxième niveau, puis le reste des communes de l’aire urbaine, derrière La Mulatière.

La métropole du Nord apparaît d’emblée comme polycentrique puisque la densité de Roubaix est suivie de celle Lille et de Tourcoing. La Madeleine, comme Lannoy, ont des superficies très petites qui exacerbent les phénomènes d’augmentation ou de baisse de leur densité de population. Croix, près de Roubaix, Mons-en-Baroeul et Lambersart à côté de Lille, ou Mouvaux, vers Tourcoing, bénéficient du dynamisme de leurs voisines.

Les densités au sein de l’aire urbaine marseillaises sont bien plus faibles que dans les autres cas, mais nous le verrons, cette situation est liée à des surfaces communales bien plus importantes, qui diluent le phénomène.
La carte représentant l’ensemble du territoire français montre l’ampleur de l’exode rural vers certains territoires urbains, le littoral, les régions industrielles et certaines vallées fluviales ou alpines. Les quatre plus grandes métropoles françaises connaissent des évolutions différentiées de leur densité de population.





Si la dynamique parisienne est importante, ce sont essentiellement les communes qui jouxtent la capitale, en particulier à l’Ouest, ou celles situées dans la boucle de la Seine, qui connaissent des augmentations spectaculaires de leur densité de population.
L’agglomération lyonnaise a un développement plutôt centralisé. En cela, il se rapproche du mode d’extension de la métropole parisienne, même si les densités de population et les tailles des agglomérations sont sans commune mesure. Il est cependant à comprendre en lien avec la densification progressive de la vallée du Rhône sur la même période. On le voit, Villeurbanne, bien moins dense que Lyon en début de période, est la commune qui connaît la plus forte augmentation annuelle de sa population jusqu’en 1954.
La cartographie confirme le mode de développement polycentrique de l’agglomération lilloise, en lien avec le sud de la Belgique, et le bassin minier de Lens. Les communes sont, le plus souvent, de petite taille, ce qui permet d’analyser assez finement les augmentations de leurs densités de population.
L’agglomération marseillaise, se développe quand à elle, le long du littoral, en lien avec l’arrière pays. Plus globalement, la densification de la côte méditerranéenne est assez homogène sur la période concernée.
Dans cette zone, la taille des communes est plus grande qu’ailleurs, ce qui rend difficile l’appréciation de l’augmentation localisée de la densité de population. Le décompte des populations communales permet donc difficilement de se faire une idée fine des dynamiques sur la période considérée.
La comparaison sur la période des quatre agglomérations montre des dynamiques de densification très différentes. On commence ici à mesurer la difficulté qu’il y a à vouloir comparer spatialement des territoires dont l’organisation spatiale et la croissance ont moins de points en commun qu’on ne pourrait le penser a priori.
Communes atteignant plus de 4000 habitants au km2 en 1954
Pour appréhender le processus d’urbanisation à travers l’augmentation de la densité de population communale, il est instructif de regarder plus en détail les dynamiques de communes françaises relativement denses en fin de période. Pour la faisabilité pratique d’une telle observation, il est nécessaire de choisir un seuil de densité de population en fin de période induisant un nombre limité de cas. Celui de 4000 habitants au km2 permet de sélectionner les 83 communes les plus denses de France en 1954. Un bon nombre d’entre elles sont situées en région parisienne et quelques unes dans l’agglomération de Lille ou de Lyon. Du fait de la plus grande surface des communes de l’agglomération marseillaise, aucune ne présente une densité de population supérieure à 4000 habitants au km2 en 1954.
Courbes d’augmentation de la densité de population
Les graphiques ci-dessous permettent de comparer l’augmentation de la densité de population de l’ensemble des communes françaises qui atteignent une densité de population supérieure à 4000 habitants au km2 en 1954.
Les dynamiques de croissances de la densité de population des communes atteignant, en 1954, une densité de population supérieure à 4000 habitants/km2 sont très variables. Toutes les communes n’ont pas la même densité de population en 1876 et ne voient pas leur population augmenter au même rythme. Un rupture est perceptible suite à la crise de 1929 (recensement de 1931) : alors que la crise affecte la dynamique d’augmentation de la population de certaines communes, d’autres, au contraire, sont assez peu affectées.
Après analyse des différentes courbes d’augmentation de la densité de population communale, nous les avons regroupées par classes, en utilisant principalement comme critère de classement les densités de population en début et en fin de période.
Source : Historique des populations communales, Insee
Classe 1
Les communes de cette classe présentent une densité de population inférieure à 1600 hab/km2 en 1876 et située entre 4000 et 6000 hab/km2 en 1954. Partant de taux de densités peu élevés, elles enregistrent une hausse modérée sur la période.
Cette classe regroupe des communes qui étaient encore peu denses et majoritairement rurales en 1876.C’est le cas, en région lyonnaise de Villeurbanne et d’Oullins, de la commune de Croix, située à proximité de Roubaix et Tourcoing, et de certaines communes de la deuxième couronne parisienne. Le cas de Vichy est un peu à part, puisqu’il est à la fois lié à son développement comme station thermale et à son statut spécifique pendant la seconde guerre mondiale.
Classe 2
Les communes de cette classe présentent une densité de population légèrement en hausse sur la période. En 1876, elle est située entre 2500 et 6000 hab/km2 et atteint de 4000 à 6000 hab/km2 en 1954.
Cette ne contient pas de communes de banlieues, mais plutôt des communes où l’urbanisation est plus ancienne, antérieure à 1876. La densification y est assez faible sur la période considérée.
Elle contient principalement des communes qui constituent des centres urbains, à l’exception de Saint-Laurent-sur-Saône qui doit probablement sa forte densité de population en début de période à sa faible surface. Tourcoing est située dans cette classe, ce qui permet de la considérer comme un petit centre urbain et induit l’idée d’un développement polycentrique de l’agglomération lilloise.
Classe 3
Les communes de cette classe présentent une densité de population inférieure à 1600 hab/km2 en 1876 et située entre 6000 et 9000 hab/km2 en 1954. Partant de taux de densités peu élevés, elles enregistrent une hausse rapide sur la période.
Cette classe ne regroupe que des communes de la banlieue parisienne, attestant de son dynamisme spécifique. Elles sont majoritairement situées à l’Est.
Les classes 04 et 05 sont plus hétérogènes.
Classe 4
Les communes de cette classe présentent une densité de population en faible hausse sur la période considérée. En 1876, elle est située entre 2500 et 6000 hab/km2 et atteint de 4000 à 6000 hab/km2 en 1954.
Classe 5
Les communes de cette classe ont des dynamiques hétérogènes, mais atteignent toutes en 1954 une densité de population située entre 9 000 et 13 000 hab/km2.
Ces deux classes comprennent à la fois des centres urbains dynamiques dans des agglomérations industrielles (Lille et sa voisine La Madeleine, Roubaix, Grenoble, Nancy, Lyon) et certaines communes de la première couronne parisienne (Saint-Denis, Pantin, Ivry-sur-Seine, Saint-Maurice, Saint-Ouen, Aubervilliers, Suresnes, Bagnolet, Issy-les-Moulineaux, Charenton-le-Pont, le Kremlin-Bicêtre).
Les communes de la classe 05 ont cependant des croissances plus rapides de leur densité de population que celles de la classe 04. Au vu des territoires présents dans ces classes, il est logique de faire le lien avec leur dynamisme économique et industriel.
Les communes de la classe 06 (Lannoy, dans l’agglomération lilloise, et Sainte-Foy-la-Grande) sont exceptionnelles, puisqu’elles sont en léger déclin, tout en maintenant une densité de population importante jusqu’en 1954. Ces petites communes étaient plutôt densément peuplées avant 1876, ce qui explique le phénomène.
Les communes des classes 07, 08 et 09 connaissent des augmentations de leur densité de population importantes sur la période considérées, et se situent toutes en région parisienne.
Classe 7
Les communes de cette classe présentent une densité de population inférieure à 6000 hab/km2 en 1876 et située entre 12000 et 18000 hab/km2 en 1954.
Classes 8 et 9
Les communes de ces deux classes présentent une très forte augmentation de leur densité de population sur la période, alors qu’elle était déjà importante.
Les communes de la classe 8 présentent une densité de population inférieure à 7000 hab/km2 en 1876 et située entre 18000 et 25000 hab/km2 en 1954.
Celles de la classe 9 présentent une densité de population située entre 7 000 et 20000 hab/km2 en 1876 supérieure à 25000 hab/km2 en 1954.
Parties de haut, Paris, Levallois-Perret et Vincennes (classe 09) continuent à se densifier intensément sur la période considérée.
Mais c’est aussi le cas de certaines communes de la première couronne parisienne, majoritairement à l’Ouest (classe 07), avec deux cas particuliers, à l’Est (Saint-Mandé et le Pré-Saint-Gervais, classe 08, deux petites communes accolées à Paris).
Ces trois classes de communes constituent des exceptions par rapport aux phénomènes observables dans les grandes métropoles françaises.
Les classes 06 à 09 faisant figure d’exceptions, ce sont des communes des classes 01 à 05 qui présentent un intérêt pour penser les dynamiques de densification des communes françaises à la période considérée.
On peut globalement synthétiser ces dynamiques, dans un diagramme, qui décrit la progression de la densité de population, par classe de commune entre 1876 et 1954. Les seuils qui ont permis la constitution de ces classes y sont perceptibles.

Classes de communes selon leurs dynamiques
Cartographie
Et l’on peut également représenter sur des cartes ces communes par classes pour les agglomérations de Paris, Lyon et Lille-Roubaix-Tourcoing. Ceci nous permet d’appréhender les disparités territoriales entre les trois agglomérations. Ainsi analysée, la périphérie parisienne ne peut être considérée comme un ensemble homogène. Ou plutôt, il convient d’affiner la distinction habituelle entre centre, première et deux couronnes.

Pour ce qui concerne la périphérie de Paris, il convient de distinguer la capitale et quelques communes très proches dont la densification est extrêmement dynamique (08 et 09) ; des communes de la première couronne, plutôt à l’Ouest, très dynamiques (07) ou au Nord et à l’Est (03, 04, 05), dynamiques ; et des communes de deuxième couronne (01) peu denses en début de période mais qui voient leur densité de population augmenter de façon régulière.

Du point de vue des dynamiques des densités de populations sur la période considérée, Villeurbanne et Oullins sont donc comparables à un certain nombre de communes de la deuxième couronne de la banlieue parisiennes. Le cas de Lyon n’a pas vraiment d’équivalent, sauf à le rapprocher de communes centres de la classe 03 (Grenoble, Lille, Roubaix, Nancy).

Cette approche confirme le caractère polycentrique de l’agglomération lilloise. Lille, Roubaix, Tourcoing et la Madeleine sont déjà relativement en denses en 1876, ce qui témoigne de leur développement antérieur. Mais la densité de population augmente plus rapidement à Roubaix et à Lille qu’à Tourcoing sur la période considérée. Croix, dont la surface est petite, bénéficie du dynamisme des deux communes voisines.
Surfaces communales
Mais les densités de populations dépendent fortement de la surface de la commune considérée. On l’a vu, par exemple, dans le cas de l’agglomération marseillaise (237,13 km2), la surface plus importante des communes limite la possibilité de comparaison avec d’autres cas français puisqu’elle empêche la mesure fine de l’évolution de la densité de population.
| Nom | Classe | Surface (km2) | Densité 1876 | Densité 1954 | D=1954-1876 | Taux 1954/1876 |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Drancy | 3 | 7,7 | 57,7 | 6553,2 | 6495,5 | 11257,4% |
| Bondy | 1 | 5,3 | 223,3 | 4219,6 | 3996,3 | 1789,63% |
| Les Pavillons-sous-Bois | 1 | 2,9 | 282,3 | 5720,7 | 5438,4 | 1926,68% |
| Houilles | 1 | 4,5 | 311,6 | 5087,5 | 4775,9 | 1532,84% |
| Villemomble | 1 | 4,1 | 324,1 | 5237 | 4912,9 | 1515,77% |
| Colombes | 3 | 7,7 | 324,5 | 8822,5 | 8498,0 | 2618,53% |
| Nanterre | 1 | 12,2 | 350,9 | 4349,7 | 3998,8 | 1139,47% |
| Vitry-sur-Seine | 1 | 11,6 | 358,4 | 4442,8 | 4084,4 | 1139,64% |
| Villejuif | 1 | 5,3 | 402,7 | 5570,2 | 5167,5 | 1283,09% |
| Clamart | 1 | 8,7 | 420,2 | 4377,5 | 3957,3 | 941,87% |
| Beausoleil | 1 | 2,7 | 432,8 | 4244,9 | 3812,1 | 880,73% |
| Garches | 1 | 2,6 | 529,9 | 4053,8 | 3523,9 | 665,01% |
| Romainville | 1 | 3,5 | 578,8 | 5492,6 | 4913,8 | 848,99% |
| Villeurbanne | 1 | 15,0 | 603,2 | 5459,9 | 4856,7 | 805,23% |
| Noisy-le-Sec | 1 | 5,1 | 623,7 | 4395,0 | 3771,2 | 604,64% |
| Le Bourget | 1 | 2,0 | 678,70 | 4147,0 | 3468,3 | 511,01% |
| Chaville | 1 | 3,4 | 701,3 | 4309,2 | 3608,0 | 514,49% |
| Maisons-Alfort | 3 | 5,4 | 734,2 | 7540,1 | 6805,8 | 926,92% |
| Saint-Maur-des-Fossés | 1 | 11,3 | 747,7 | 5708,9 | 4961,2 | 663,51% |
| Châtillon | 1 | 2,8 | 748,3 | 4506,4 | 3758,1 | 502,21% |
| Cachan | 1 | 2,9 | 792,5 | 5782,5 | 4990,0 | 629,68% |
| Fontenay-sous-Bois | 3 | 5,6 | 793,9 | 6561,9 | 5768,0 | 726,52% |
| Le Perreux-sur-Marne | 3 | 3,9 | 863,6 | 6794,9 | 5931,3 | 686,85% |
| La Garenne-Colombes | 7 | 1,8 | 877,5 | 14782,9 | 13905,4 | 1584,7% |
| Enghien-les-Bains | 3 | 1,7 | 949,5 | 7113,9 | 6164,4 | 649,19% |
| Alfortville | 3 | 3,7 | 1000,6 | 8190,3 | 7189,7 | 718,51% |
| Stiring-Wendel | 1 | 3,5 | 1043,7 | 4271,9 | 3228,2 | 309,32% |
| Vichy | 1 | 5,9 | 1091,7 | 5258,5 | 4166,8 | 381,67% |
| Choisy-le-Roi | 3 | 5,2 | 1116,6 | 6143,0 | 5026,4 | 450,16% |
| Bagnolet | 5 | 2,5 | 1139,0 | 10666,4 | 9527,4 | 836,46% |
| Le Raincy | 3 | 2,2 | 1231,8 | 6400,4 | 5168,6 | 419,59% |
| Joinville-le-Pont | 3 | 2,3 | 1252,0 | 6757,0 | 5505,0 | 439,71% |
| Arcueil | 3 | 2,3 | 1281,1 | 7782,7 | 6501,6 | 507,5% |
| Bois-Colombes | 7 | 2,0 | 1295,0 | 14146,6 | 12851,6 | 992,36% |
| Oullins | 1 | 4,3 | 1319,1 | 4469,1 | 3150,0 | 238,81% |
| Croix | 1 | 4,3 | 1332,2 | 4346,6 | 3014,5 | 226,28% |
| Bourg-la-Reine | 3 | 1,8 | 1414,2 | 6562,8 | 5148,6 | 364,05% |
| Le Petit-Quevilly | 1 | 4,3 | 1449,6 | 4814,0 | 3364,3 | 232,08% |
| Nogent-sur-Marne | 3 | 2,8 | 1488,3 | 8436,4 | 6948,1 | 466,85% |
| Montreuil | 3 | 8,9 | 1521,1 | 8522,7 | 7001,6 | 460,29% |
| Suresnes | 5 | 3,9 | 1587,8 | 9592,5 | 8004,7 | 504,15% |
| Asnières-sur-Seine | 7 | 4,9 | 1705,7 | 16038,5 | 14332,8 | 840,3% |
| Issy-les-Moulineaux | 5 | 4,3 | 2221,3 | 11109,4 | 8888,1 | 400,14% |
| Périgueux | 2 | 10,2 | 2372,6 | 4003,8 | 1631,2 | 68,75% |
| Vanves | 7 | 1,6 | 2375,2 | 13834,3 | 11459,1 | 482,46% |
| Malakoff | 7 | 2,1 | 2382,4 | 13515,7 | 11133,3 | 467,31% |
| Grenoble | 4 | 18,4 | 2472,6 | 6338,0 | 3865,4 | 156,33% |
| Aubervilliers | 5 | 5,8 | 2482,2 | 10167,8 | 7685,6 | 309,62% |
| Anzin | 2 | 3,6 | 2503,4 | 4351,1 | 1847,6 | 73,8% |
| Ivry-sur-Seine | 4 | 6,0 | 2521,2 | 8069,2 | 5548,0 | 220,05% |
| Saint-Ouen-sur-Seine | 5 | 4,3 | 2630,6 | 11245,2 | 8614,6 | 327,47% |
| Pantin | 4 | 5,0 | 2749,7 | 7437,9 | 4688,1 | 170,49% |
| Mulhouse | 2 | 22,5 | 2830,3 | 4407,9 | 1577,7 | 55,74% |
| Courbevoie | 7 | 4,2 | 2856,1 | 14294,6 | 11438,6 | 400,5% |
| La Madeleine | 4 | 2,6 | 2867,9 | 8771,3 | 5903,4 | 205,84% |
| Saint-Denis | 4 | 12,1 | 2873,4 | 6643,0 | 3769,6 | 131,19% |
| Montrouge | 7 | 2,1 | 3078,8 | 17540,9 | 14462,1 | 469,74% |
| Troyes | 2 | 13,2 | 3120,9 | 4454,9 | 1334,0 | 42,74% |
| Gentilly | 7 | 1,1 | 3148,9 | 16461,2 | 13312,4 | 422,77% |
| Tourcoing | 2 | 15,2 | 3190,8 | 5472,7 | 2282,0 | 71,52% |
| Saint-Maurice | 4 | 1,4 | 3342,1 | 8130,0 | 4787,9 | 143,26% |
| Saint-Laurent-sur-Saône | 2 | 0,5 | 3382,2 | 4127,3 | 745,1 | 22,03% |
| Les Lilas | 7 | 1,3 | 3412,6 | 14382,3 | 10969,7 | 321,45% |
| Boulogne-Billancourt | 7 | 6,1 | 3513,6 | 15321,6 | 11808,0 | 336,06% |
| Puteaux | 7 | 3,2 | 3801,6 | 12826,2 | 9024,5 | 237,39% |
| Le Kremlin-Bicêtre | 5 | 1,7 | 4203,1 | 9352,3 | 5149,2 | 122,51% |
| Bordeaux | 2 | 49,5 | 4449,9 | 5742,8 | 1292,9 | 29,05% |
| Nancy | 4 | 14,9 | 4450,9 | 8380,3 | 3929,3 | 88,28% |
| Charenton-le-Pont | 5 | 1,9 | 4751,2 | 11890,8 | 7139,7 | 150,27% |
| Lille | 4 | 34,6 | 4908,5 | 6835,0 | 1926,5 | 39,25% |
| Rouen | 2 | 21,3 | 4935,0 | 5481,5 | 546,4 | 11,07% |
| Boulogne-sur-Mer | 2 | 7,6 | 5244,3 | 5751,0 | 506,7 | 9,66% |
| Neuilly-sur-Seine | 7 | 3,7 | 5569,0 | 17712,5 | 12143,5 | 218,05% |
| Clichy | 7 | 3,1 | 5617,8 | 17995,9 | 12378,1 | 220,34% |
| Le Pré-Saint-Gervais | 8 | 0,8 | 5909,1 | 19980,9 | 14071,8 | 238,14% |
| Roubaix | 4 | 13,2 | 6331,2 | 8329,5 | 1998,3 | 31,56% |
| Saint-Mandé | 8 | 1,1 | 6799,5 | 22234,7 | 15435,2 | 227,% |
| Sainte-Foy-la-Grande | 6 | 0,6 | 6984,8 | 6117,9 | -866,9 | -12,41% |
| Lyon | 5 | 48,1 | 7163,2 | 9885,9 | 2722,7 | 38,01% |
| Levallois-Perret | 9 | 2,4 | 9501,0 | 26263,6 | 16762,6 | 176,43% |
| Vincennes | 9 | 1,9 | 9694,6 | 26801,4 | 17106,8 | 176,46% |
| Lannoy | 6 | 0,2 | 10278,2 | 7538,8 | -2739,4 | -26,65% |
| Paris | 9 | 105,5 | 18879,0 | 27028,6 | 8149,6 | 43,17% |
La surface communale de Paris, qui résulte d’annexions importantes des communes voisines au XIXe siècle est bien entendu la plus importante dans notre panel (105,5 km2), suivie de Bordeaux et Lyon qui sont deux fois plus petites (49,5 et 48,1 km2). La surface de Lille est trois fois plus petite que celle de la capitale. Villeurbanne a quand à elle, à une surface comparable à celle de Tourcoing ou Nancy, aux alentours de 15 km2, soit la moitié de Lille, un peu moins du tiers de Lyon et Bordeaux, ou 1/7e de Paris. Ces communes sont suivies de près par Troyes ou Roubaix (13,2 km2).
Villeurbanne est donc la plus grande commune de banlieue au sein de notre panel, devant Nanterre (12,2km2), Saint-Denis (12,1 km2), Vitry-sur-Seine (11,6 km2) ou Saint-Maur-des-Fossés (11,3 km2).
Ainsi, dans la classe 01, qui contient Villeurbanne, seules quelques communes de la deuxième couronne parisienne ont des surfaces comparables : Nanterre, Vitry-sur-Seine, Saint-Maur-des-Fossés, voire Clamart (8,7 km2).
On le voit donc, il y a quelques précautions à prendre, si l’on souhaite comparer le cas villeurbannais à certaines communes de la banlieue parisienne. À titre d’exemple, si Saint-Denis est comparable à Villeurbanne par sa surface, l’urbanisation de Saint-Denis est plus ancienne, puisque la densité de sa population en 1876 est bien supérieure à celles des communes des classes 01 ou 03.
Si l’on prend le cas d’Oullins (4,3 km2), qui est, comme Villeurbanne, dans la classe 01 et dans l’agglomération lyonnaise, sa surface communale est proche de celle de Croix, dans l’agglomération lilloise, du Petit-Quevilly en périphérie de Rouen, ou de Houilles et Villemomble en région parisienne. Il n’est donc pas pertinent de la comparer au cas villeurbannais.
Groupes de communes
On peut aussi considérer la question de façon différente, en identifiant les communes adjacentes qui présentent des dynamiques comparables au sein d’une même classe, ce qui évite de s’enfermer dans les surfaces communales.

Ainsi, dans la classe 1, peut-on aisément regrouper en un ensemble Vitry-sur-Seine, Villejuif et Cachan ; dans un autre Clamart et Châtillon ; et dans un troisième Romainville, Noisy-le-Sec, Les Pavillons-sous-Bois et Villemomble.
Il est également aisé d’effectuer un regroupement pour la classe 3, de Montreuil à Choisy-le-Roi, en passant par Fontenay-sous-Bois, Le Perreux-sur-Marne, Nogent-sur-Marne, Joinville-le-Pont, Maisons-Alfort et Alfortville. Là se dessine un arc relativement homogène.
On peut tenir le même raisonnement pour former un groupe avec Gentilly, Montrouge, Malakoff et Vanves dans la classe 7, ou pour regrouper différentes communes au Nord-Ouest de Paris dans la même classe.
Le rôle de l’occupation du sol
On peut compléter l’interprétation en consultant la cartographie d’occupation du sol de la métropole parisienne pour 1949 fournie par l’Institut Paris Région. Elle a été constituée par photo-interprétation à partir d’un référentiel d’occupation des sols constitué par l’organisme en 1982 et de photographies aériennes de 1949.
Cette carte montre qu’au tournant des années 1950, le sol de l’agglomération parisienne est occupé par de l’habitat collectif, des espaces verts et une importante ceinture d’activités, notamment industrielles, située sur les communes des classes 5, 6, 7 et 8. Ainsi les densité de population et d’occupation verticale du sol de Paris débordent aux Lilas et à Saint-Mandé (classe 8). Les communes des classes 04, 05 et 07, qui forment quasiment une première couronne (sauf à l’est) voient leur sol principalement occupé par des activités et de l’habitat collectif, en proportions variables. Cette observation confirme l’intuition qui vient à la lecture de leurs courbes d’évolution de densité de population : c’est bien leur dynamisme économique, et le moment plus ou moins tardif des implantations d’activités (industrielles ou artisanales) qui peut expliquer leur dynamisme démographique. La corrélation entre leur densité de population et le caractère principalement collectif de l’habitat est visible. Malheureusement, l’Institut Paris Région ne permet pas de télécharger cette carte qui aurait permis des croisements statistiques plus fins.
Les communes de la classe 01, à laquelle appartient Villeurbanne, étaient rurales au début de période, mais se sont densifiées ; elles présentent en 1949 des tendances communes, dont la principale est la mixité des occupations de leur sol. Elles sont situées à proximité d’activités économiques relativement concentrées, on peut y repérer des foyers restreints d’habitat collectif (le long de voies ou de bourgs plus anciens), des activités localisées, des surfaces d’habitat individuel assez étendues, mais aussi des activités agricoles (maraîchage, horticulture ou de grandes culture). Saint-Maur-des-Fossés fait ici exception puisque la commune est principalement résidentielle.
Les communes de la classe 03, qui étaient aussi rurales en début de période, se sont densifiées plus rapidement que celles de la classe 01. Elles ont également des points communs en terme d’occupation du sol : moins d’activités agricoles et plus d’habitat individuel que dans la classe 1, mais des foyers d’habitat collectif ou des activités. Elles se distinguent en cela de la première couronne dense précitée (classes 04, 05 et 07). Montreuil fait quelque peu exception puisque l’occupation du sol communal adjacent à Paris présente des caractéristiques similaires aux communes industrieuses de la classe 04, comme Pantin ou Ivry-sur-Seine. Mais la plus grande surface de la commune de Montreuil lui permet de présenter globalement une occupation du sol très diversifiée.
Conclusion
Ce croisement avec l’analyse de l’occupation du sol en fin de période permet de contextualiser le cas villeurbannais. S’il n’existe pas de carte d’occupation du sol similaire, certains panoramiques photographiques des années 1930, tout comme les photographies aériennes de l’après-guerre montrent la très grande diversité des occupations du sol de la commune autour de la seconde guerre mondiale.
Villeurbanne présente donc des similitudes avec la proche deuxième couronne parisienne sur la période qui coure de 1876 au tournant des années 1950. Mais ni son occupation du sol au milieu du XXe siècle, ni la dynamique de sa densité de population ne permet de comparer ce territoire à la première couronne industrieuse et dense de Paris sur la période considérée.
Le dynamisme plutôt important de la densité de population lyonnaise, par comparaison avec celui de Lille par exemple, s’explique probablement par le fait que la périphérie industrieuse du centre de Lyon a déjà été intégrée dans le territoire communal par l’annexion, en 1856, des anciens faubourgs (Vaise, La Croix-Rousse, La Guillotière notamment). Ces quartiers absorbent une bonne partie de la population et du dynamisme de l’agglomération, qui déborde pour une part sur Oullins et sur Villeurbanne, sans pour autant les transformer en territoires très densément peuplés.
De ce point de vue, la comparaison du cas villeurbannais avec celui de Montreuil est assez pertinent, même si les ordres de grandeur des densités de population sont un peu différents, puisque le dynamisme économique et démographique de Lyon est évidemment moins important que celui de Paris. Les cas de Nanterre ou de Vitry-sur-Seine, à l’occupation du sol très mixte en 1949, avec des activités relativement dispersées, paraissent cependant les plus indiqués si l’on souhaite comparer des communes de l’agglomération parisienne au territoire villeurbannais pour cette période.
Sous-périodisation : une modification de la tendance à partir de 1931
L’étude des courbes des communes sélectionnées a permis de détecter l’existence d’une modification de la tendance générale à partir du recensement de 1931, soit après la crise de 1929.
Les périodes considérées n’étant pas de même durée, nous avons aussi cartographié les évolutions annuelles des densités de populations afin de comparer ce qui est comparable.
Cette modification des dynamiques de densité de population à partir de 1931 est aussi perceptible à l’échelle nationale.
1876-1931





1931-1954





Jusqu’en 1931, le monde rural se vide et quelques métropoles se densifient et s’étendent. A partir de cette date, ce sont les grands centres urbains qui se vident, mais cette fois au bénéfice de leurs périphéries étendues. De nombreuses campagnes voient ainsi leur densité de population encore baisser alors que des vallées fluviales et alpines attirent les populations.
Un certain nombre de communes de banlieues de l’époque voient leur population augmenter sur les deux périodes considérées : l’attraction démographique des centres urbains jusqu’à 1931 puis la baisse de leur densité de population entraîne, dans les deux cas, une augmentation de la densité de certaines communes adjacentes. Mais ce n’est pas le cas de toutes.
Il faut donc différentier dans l’analyse, la dynamique démographique des centres urbains et celle des communes voisines. On voit là émerger des dynamique différentiées, propres aux banlieues de cette période.
Ainsi, autour de Paris, Levallois-Perret, Saint-Ouen-sur-Seine, Les Lilas ou le Kremlin-Bicêtre voient leur densité de population diminuer sensiblement à partir de 1931.
C’est aussi le cas, dans une moindre mesure, pour Clichy, Argenteuil, Saint-Denis, Drancy, Pantin, Bagnolet, Saint-Maurice, et Ivry-sur-Seine.
Dans l’agglomération lyonnaise, Villeurbanne connaît aussi un reflux relatif de sa densité de population.
Dans l’agglomération lilloise, les communes à proximité de Roubaix (Croix, Lys-lez-Lannoy) voient aussi leur densité de population s’infléchir à partir de 1931.
La commune de Marseille étant de surface plus importante que les autres communes centres, c’est elle qui absorbe entièrement cette baisse de la densité de population.
Densités de populations communales françaises de 1962 à 2016
Il reste donc à considérer les augmentations de densité de population pour la deuxième série continue de données proposées par l’Insee.
Source : Historique des populations communales, Insee


Évolution générale de 1962 à 2016
De 1962 à 2016, certains territoires ruraux voient encore leur densité de population diminuer, au profit principalement des unités urbaines qui s’étendent de plus en plus, mais aussi de nombreuses parties du littoral, de la vallée du Rhône ou de territoires frontaliers de la Belgique, de l’Allemagne ou de la Suisse.









La base de données Tradève permet aussi de visualiser les évolutions différentielles des quatre unités urbaines françaises les plus peuplées en France à des dates proches de la série étudiée, soit entre 1961 et 2011.


Les unités urbaines de Paris et Lyon ont des formes d’extension assez similaires, à tendance concentrique. Dans les deux cas également, l’urbanisation se développe plus le long du fleuve et de ses affluents.


Les contours de celle de Lille-Roubaix-Tourcoing évolue peu après 1971, et l’augmentation de sa densité est lente, donc peu perceptible en valeurs absolues. Il faut s’intéresser au taux annuel pour pouvoir l’observer. En cela, elle s’inscrit bien dans la tendance globale observable sur le Benelux.

C’est principalement dans les années 1970 que les communes de Marseille et Aix-en-Provence voient leur densité de population augmenter. C’est ensuite Marignane et les communes situées entre ces trois villes qui se densifient, contribuant ainsi à la naissance d’une aire urbaine élargie.

Communes de plus de 4000 habitants au km2 en 1954
Pour rendre compte de dynamiques sur la longue durée, nous avons choisi de conserver la même série de communes, dont la densité de population est supérieure à 4000 habitants au km2 en 1954.
Sous-périodisation : une modification de la tendance à partir des années 1990
L’analyse plus précise de ces communes permet de déceler une inflexion des dynamiques d’évolution de communes urbaines au cours des années 1990.
Il est donc pertinent de procéder à une périodisation, en distinguant la période de 1962 à 1999, et celle de 1999 à 2016.
1962-1999





1999-2016





Les grandes métropoles françaises au sein de l’espace européen entre 1961 à 2011
La base de données Tradève visait à analyser les dynamiques démographiques des unités urbaines européennes entre 1961 et 2011. Le rapport de recherche issu de ce travail porte donc principalement sur les populations urbaines.

Pour autant, le calcul de la densité de population à partir des données fournies nous permet de visualiser son évolution dans le temps et celle de la surfaces des agglomérations sur la période qui nous intéresse.
Globalement, la population des unités urbaines tend à augmenter. La tendance majoritaire suit une courbe exponentielle décroissante : les plus petites aires sont celles dont la densité de population augmente le plus alors que celle des plus grandes unités urbaines varie moins. Mais deux phénomènes viennent nuancer cette observation : certaines aires connaissent une baisse de leur densité de population (et ce, d’autant plus qu’elles sont petites), d’autres se détachent du lot et se densifient fortement.
On peut globalement, faire un commentaire similaire concernant les surfaces des unités urbaines européennes, même si le nombre de cas particuliers est moins important.
Sur la période considérée, la hiérarchie des plus grandes unités urbaines se modifie sans toutefois être complètement bouleversée. La métropole parisienne dépasse le Grand Londres pour devenir l’aire urbaine la plus peuplée d’Europe et atteint une surface comparable à la capitale britannique. La Ruhr et le Grand Manchester perdent une partie de leur population, Bruxelles se maintient alors que la croissance de la population de Milan et Madrid les amènent à dépasser Berlin. Barcelone, Athènes, Rome et Naples bénéficient aussi de la dynamique des grandes cités méditerranéennes.
D’un point de vue géographique, les différences importantes en matière d’urbanisation dans l’espace européen sont importantes, tout comme les dynamiques de population.

On le voit, la France, comme d’ailleurs l’Espagne, la Roumanie ou la Grèce, sont marquées par une forte hiérarchie entre les différentes tailles d’unités urbaines. Dans ces cas, la capitale enregistre une augmentation annuelle de sa densité de population plus importante (entre + 20 et 60 habitants par km2 et par an) que dans les autres villes du pays, avec une nuance pour l’Espagne puisque Barcelone voit sa densité augmenter plus rapidement que Madrid, même si sa surface est plus réduite. En France, la grande aire urbaine, dont la densité augmente assez rapidement après Paris est celle de Lyon.
Le contraste de ces pays avec d’autres zones européennes est saisissant : le Benelux, la Ruhr, et quelques unités urbaines dans le Nord de la France (dont celle de Lille) se caractérisent par une forte proximité des aires urbaines, dont certaines sont plus denses que d’autres en 1961. L’augmentation de la densité de population entre 1961 et 2011 y est moins forte (entre 0 et + 10 habitants au km2) mais homogène, et les anciennes régions industrielles (la Ruhr, tout comme la vallée de Lens) voient leur densité de population diminuer.
La Grande-Bretagne, caractérisée par proximité de grands unités urbaines, connaît, elle-aussi, des dynamiques contrastées : alors que le Grand Londres conforte son rôle prépondérant, les anciennes régions industrielles (autour de Manchester, Liverpool ou Glasgow) voient, elles-aussi, leur densité de population baisser.
L’Europe centrale et le nord de l’Italie présentent un nombre important d’agglomérations assez proches. On peut d’ailleurs rattacher certaines unités urbaines françaises de la vallée du Rhin (Strasbourg, Colmar, Mulhouse) à cet ensemble. L’augmentation de la densité de population y est assez faible (entre 0 et + 10 habitants au km2) , à l’exception de métropoles allemandes attractives comme Munich, Francfort ou Stuttgart. L’Allemagne de l’Est connaît globalement une baisse de sa densité de population, à l’exception du cas berlinois. C’est aussi le cas de certaines anciennes régions industrielles, à l’exemple de la région de Sarrebruck, à la frontière entre la France et l’Allemagne, ou de certaines cités italiennes au sud de la plaine du Pô (Bologne, Ferrare, Gênes).
La côte méditerranéenne de l’Espagne, de la France et de l’Italie, déjà bien urbanisée en 1961, continue de se densifier, à des rythmes différentiés selon les unités urbaines. La plupart des grandes unités urbaines denses (Rome, Naples, Palerme, Barcelone) ou des aires moyennes assez denses (Valencia, Alicante, Montpellier, Perpignan, Toulon, Nice, Palerme) se densifient d’avantage jusqu’en 2011. Marseille fait ici figure d’exception, puisque c’est plutôt sa voisine Marignane qui profite de cette dynamique.
Le dynamisme de la vallée du Rhône et des unités urbaines alpines françaises (Grenoble, Annecy, Annemasse) s’inscrit plutôt dans celui des contours des Alpes à l’échelle européennes, même si les données suisses manquent pour analyser les dynamiques propres aux zones alpines. A cet égard, la comparaison entre Lyon et Munich ou Turin, qui ont des surfaces et des dynamiques de densification assez proches, est pertinente.
On le voit, les dynamiques de densification des communes françaises situées aux frontières terrestres européennes ou méditerranéennes, sont donc prises dans des dynamiques plus globales. La densification de l’aire urbaine lyonnaise, semble bénéficier de la double dynamique de la côte méditerranéenne et des contours alpins.
Si l’on s’intéresse à l’évolution des unités urbaines dont les ordres de grandeur sont similaires avec celles de Lille, Lyon et Marseille, on s’aperçoit vite qu’elles sont comparables à certaines capitales (Copenhague, Stockholm, Prague, Amsterdam, Dublin). Mais du point de vue de leurs places dans les hiérarchies urbaines nationales, et de leurs fonctions, il est plus pertinent de comparer Lille/Roubaix/Tourcoing avec Wuppertal/Hagen/Solingen ou Prudhoe, Lyon avec Turin ou Munich, et Marseille avec Rotterdam ou Porto.
L’approche européenne permet donc de sortir d’une lecture du territoire français fortement centré sur sa capitale, qui est à double titre un cas particulier, en France et en Europe, par sa dimension et sa densité de population. Pour autant, chaque pays a une tradition urbaine et des politiques spécifiques, qui ajoute de la complexité à l’analyse.





































